samedi 23 janvier 2010

Je préfère ma mère à la justice

"Bel exemple de la citation truquée, déformée que cet apocryphe "Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère" !"

"Si j'en crois Philippe Lançon [...], on a fait dire à Albert Camus tout autre chose que ce qu'il avait dit : "Lors d'une rencontre avec des étudiants suédois, un étudiant arabe lui reproche, à lui le natif d'Algérie, son silence sur ce qui s'y déroule. Camus, en vérité, s'est beaucoup exprimé. Opposé à l'indépendance, il souhaite une cohabitation équitable des deux populations. Il ne s'est tu que lorsque sa parole lui a semblé vaine et l'impasse politique de plus en plus claire. Par ailleurs, il déteste les pratiques du FLN et flaire sans doute, lui l'anarchiste civilisé, le sinistre appareil d'Etat qu'il deviendra. A l'étudiant, il répond : "En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d'Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c'est cela la justice, je préfère ma mère." Dans le compte rendu du Monde, cette phrase devient : "Je crois à la justice, mas je défendrai ma mère avant la justice." Puis, [au bout du compte, s'il faut choisir entre la justice et ma mère, je choisis ma mère] et enfin la rumeur en fait ce qu'on n'a plus jamais cessé d'entendre : "Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère." Belle histoire de téléphone arabe à propos d'une phrase jamais dite, et dont la signification est tout autre : Camus n'opposait pas la justice à sa terre natale, mais dénonçait, en situation, le terrorisme."

par J.F. Launay

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